Allez, une petite mise en bouche : le petit texte d'intro du prologue 
Je m’appelle Jönsnoho, et je suis un woon de la fière tribu des Ik’wïtt de Molmo. Nous nous déplaçons dans les Terres Glacées que les gens du sud appellent le Gaëshen –la Lame Blanche– en vivant de la chasse au Shenra des neiges. Ce gigantesque animal, qui ressemble à une grande faucille et qui plane parfois au dessus des étendues neigeuses à l’aide de ses vessies remplies d’un gaz léger et inflammable, fournit aux Ik’wïtt tout ce dont ils ont besoin : sa peau nous permet d’isoler nos gaëkal –nos huttes de glaces–, sa graisse nous sert de combustible, sa chair nous nourrit, ses os font de bons matériaux de construction ainsi que de bons embouts souples, légers et solides pour nos flèches et nos harpons, et son fiel –le Fiel Pourpre– est utilisé par le Shaman pour fabriquer des onguents de soins contre les blessures et les engelures. Il est très efficace.
Mais les Shenra sont de grande taille, et nous avons parfois besoin de choses que sa carcasse ne peut nous fournir. Alors nous nous rendons parfois dans les cités pour y vendre une partie de de nos réserves, dont le précieux Fiel Pourpre. Ce fiel semble en effet avoir une grande valeur pour certains citadins –il parait qu’ils s’en servent pour fabriquer des peintures (de guerre?) pour les femelles il me semble– même si je ne suis pas certain de bien comprendre pourquoi. En tout cas, vendre le produit de notre chasse, c’est ma mission. Je suis le négociant de la tribu! Et à ce titre, tous comptent régulièrement sur moi pour rapporter des produits que nous ne trouvons pas et ne pouvons pas produire nous-mêmes, là-haut, dans les étendues glacées du Grand Nord.
Les Ik’wïtt sont des nomades. Nous nous déplaçons, parfois sur de grandes distances, à la recherche des Shenra. Ils affectionnent les endroits où d’anciens volcans, aujourd’hui éteints, crachent encore quelques fumerolles à l’odeur soufrée et un peu de chaleur. Bien que les Shenra soient vulnérables au feu, à cause des poches de gaz inflammable contenues dans leur corps, ils affectionnent les sources de chaleur comme tout un chacun. Il faut dire qu’ils trouvent aussi là les rares lichens qui forment la base de leur nourriture. C’est ainsi que la tribu arriva un beau jour à proximité du Lac Fumant, une région que nous n’avions pas traversé depuis des décennies et dans laquelle nous espérions trouver un Shenra de belle taille. Et c’est ainsi que sommes tombés sur ces mystérieuses constructions de métal, qui ne ressemblaient à rien de ce que nous avions vu dans la région. Moi qui avait déjà visité les cités des sédentaires, et vu des choses semblables, je leur dis : “Je sais à quoi cela ressemble. Cela ressemble aux constructions des Humains. Peut être ont-ils établi un comptoir commercial ici?”. Molmo, le chef de la tribu répondit : “Ça ne ressemble pas à un comptoir commercial. Eloignons-nous un peu.” J’insistai : “Ne vous inquiétez pas… je sais que ça à l’air bizarre comme construction mais…”. Givre, notre shaman nomoï, intervint : “Tu ne sais rien Jönsnoho! Je n’aime pas l’atmosphère qui se dégage de ces lieux. Molmo a raison, nous allons nous éloigner. Nous nous établirons à quelques lieues.”
La discussion était close : le shaman et le chef avaient parlé. Tandis que je jetai un dernier coup d’oeil aux mystérieux bâtiments, je buttai sur un objet métallique. Une plaque, ornée d’un curieux dessin : une sorte de poisson. Je la fourrai dans ma besace et me dépêchai de rejoindre les autres qui s’éloignaient déjà. Nous partîmes nous établir de l’autre côté de la caldeira. Une fois le campement établi. La chasse commença. Nous avions localisé un shenra d’une trentaine de mètres d’envergure. D’autant que certains indices laissaient penser qu’un autre shenra ne devait pas être loin… Les chasseurs furent d’une redoutable efficacité et bien vite, toute la tribu fut mise à contribution pour dépouiller la carcasse. Nous avions largement de quoi approvisionner la tribu et disposions aussi de stock pour commercer. Nous décidâmes donc que je partirai le lendemain pour Twaga, afin d’y faire commerce et de ramener certains produits qui commençaient à faire défaut à la tribu.
j’atteignis Twaga quelques jours plus tard, et plantai ma tente sur la place du marché après avoir payé ma dîme aux autorités. Le Fiel Pourpre était d’excellent qualité, et la vente de mes produits fut un succès… Étrangement, mon histoire au sujet de ces bâtiments des humains en plein milieu des glaces sembla aussi intéresser des personnes et me valut quelques tournées à la taverne du Delhifel Somnolant…
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